Originaire d’un village de Haute-Corse, Noëlle Vincensini était arrivée à Montpellier, en 1941, pour poursuivre ses études. En internat au lycée Clemenceau, une amitié s’était nouée entre la lycéenne Noëlle Vincensini, 17 ans, et un trio d’étudiantes à l’école normale d’institutrices : Paulette Bertholio, 20 ans, Jeanne Bleton, 20 ans, et Josette Peyre, 21ans. Leur jeunesse révoltée défie les temps obscurs et elles rejoignent la Résistance.

Leur activité clandestine commence par la distribution de tracts, jusqu’à la livraison d’armes vers le maquis cévenol entre Narbonne et Nîmes. Noëlle Vincensini est membre des francs-tireurs et partisans français, le trio fait partie de l’Armée secrète. Avec d’autres camarades, elles sont arrêtées par la Gestapo dans leur planque, aux Aubes. Noëlle Vincensini est incarcérée à la prison allemande de la 32e où elle est torturée. Mais elle ne parle pas.

Noëlle Vincensini et ses trois camarades d’infortune connaissent le voyage vers l’enfer dans des wagons à bestiaux, au printemps 1944. Elles se retrouvent dans le camp de concentration de Ravensbrück et sont soumises à rude épreuve dans le camp de travail de Neubrandenburg.

Elles se soutiennent mutuellement et leur seule chance est de ne pas être séparées. Ce sont les aînées du camp qui les ont surnommées « les 4 petites de Montpellier ». Elles réussiront à s’évader en avril 1945 lors de la marche de la mort imposée par leurs bourreaux allemands. Elles sont restées liées toute leur vie mais n’ont rien raconté de l’horreur à leurs proches.

Dans la seconde partie de sa vie, Noëlle fut à la fois écrivaine, réalisatrice et militante. Sa vie a été une succession de luttes et de combats pour la liberté, la justice, la mémoire et la dignité. Élue à Palaiseau, elle veut résoudre la crise du logement en réquisitionnant des villas. Mariée à Jean-Pierre Chabrol, dont elle aura quatre enfants, elle côtoie Louis Aragon, Elsa Triolet, Jacques Brel et Georges Brassens qui lui dédie la chanson Pénélope.

De retour en Corse dans les années 1970, elle lutte contre la fraude électorale. Puis elle créera le collectif Ava Basta pour combattre les discriminations. Elle intervient aussi dans les écoles et accompagne de nombreux groupes à Ravensbrück où elle amène également les siens. En 2018, elle avait publié Le morceau de sucre. Elle avait témoigné sur la vie dans les camps et raconté comment ce simple morceau de sucre offert lui avait permis de rester en vie.

L’an passé, à l’occasion des 80 ans de la Libération, la Ville de Montpellier avait rendu hommage aux « quatre petites de Montpellier » en dévoilant une plaque mémorielle dans le hall du lycée Clemenceau.