![]() Mercredi 9 avril 2025
Donation Jean Fournier Simon Hantaï, Shirley Jaffe, Judit Reigl, James Bishop ou encore Jean Degottex : les collections permanentes du musée Fabre s'enrichissent de 25 œuvres d'art moderne issues de la collection Fournier. À la suite de l’exposition « Jean Fournier, La couleur toujours recommencée », qui marquait la réouverture du musée Fabre en 2007, trois œuvres de la collection Fournier avaient été données, tandis qu’un important ensemble alors exposé y avait été déposé. En 2024, les héritiers de cette collection collection - Francis Fedati et feu Jean-Marie Bonnet, ainsi que la direction de la galerie – en la personne d’Emilie Ovaere-Corthay – ont très généreusement décidé de faire don de la totalité de ce dépôt, assorti de toiles supplémentaires, participant ainsi à un enrichissement exceptionnel du fonds du musée de près de vingt-cinq œuvres, pour une valorisation de prêt de 2 millions d’euros. Ce corpus majeur nouvellement acquis reflète les différentes générations d’artistes soutenues par Fournier, des années 1950 aux années 2000. Les œuvres sont exposées dans les salles 49 à 52 du parcours de la collection permanente.
Illustration : Simon Hantaï, Laissée, 1981/1994, acrylique sur toile, 290x245 cm, donation galerie Jean Fournier, 2024. Crédit : © Musée Fabre de Montpellier Méditerranée Métropole - photographie Frédéric Jaulmes
Jean Fournier, Galeriste discret, passionné et visionnaire
Jean Fournier (1922-2006) fut l’un des grands marchands d’art parisiens de la seconde moitié du XXe siècle. En 1946, il investit dans un premier temps la librairie-galerie Kléber, et se met à défendre une génération d’abord proche du surréalisme : Jean Degottex, le peintre hongrois Simon Hantaï, sa compatriote Judit Reigl, et Marcelle Loubchansky. Leur peinture est alors gestuelle, jouant sur les coulures et les contrastes violents de couleur. La galerie Jean Fournier ouvre ensuite ses portes en 1964 et se met à défendre toute une communauté d’artistes américains à Paris, dont Shirley Jaffe et James Bishop, marqués par l’esthétique minimale développée outre-Atlantique, puis une génération française liée aux questions de déconstruction de la peinture, dont des figures majeures du mouvement Supports/Surfaces, à l’instar de Claude Viallat. L’abstraction colorée française des années 1980 jusqu’au début du XXIe siècle s’inscrit ensuite naturellement dans cette longue filiation qui instaure d’autres manières de penser la structure du tableau, d’Antonio Semeraro qui porte toute son attention aux bords du châssis et à la réserve de la toile à Christian Bonnefoi, qui interroge la surface, l’envers et l’endroit de la peinture. Bernard Piffaretti introduit quant à lui la « duplication comme méthode », reproduisant dans une seconde partie de la toile ses propres formes créées précédemment. Artiste-phare que Fournier accompagnera toute sa vie, Simon Hantaï est représenté dans cette donation à travers trois œuvres, couvrant divers moments de sa carrière, jusqu’à l’élaboration, à partir des années 1960, de ses désormais célèbres techniques de pliage, laissant la part belle au hasard. Cette nouvelle manière de peindre dévoile la réserve de la toile laissée nue et se déploie en une succession de séries, dont les Blancs, ou les Tabulas. La série des Laissées est née de monumentales Tabulas découpées dix ans plus tard pour donner lieu à de nouvelles œuvres, parmi les dernières de sa vie d’artiste.
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